Cet article nous est offert par "le magazine de la Touraine" N°43 juillet 1992. Avec l'aimable autorisation du Rédacteur en chef Jean-Luc Péchinot à qui je renouvelle mes remerciements.
du haut d'un clochet CHAUMUSSAY
Un clocher rustique, un calvaire pittoresque, une rivière vagabonde...
dans une vallée champêtre où flâne encore un train à petite vitesse
et où certains éleveurs prennent le temps de traire leurs biques à la main.
La chèvre du pays mérite d'ailleurs le détour.
C'est à Chaumussay, tout là-bas du côté de Preuilly, à 70 km des bouchons de Tours.
Un village tranquille qui sent bon la France... jusque dans ses clochemerlesques discordes.
A tel point que cette commune de 282 âmes a compté deux ans durant trois comités des fêtes.
Eternel clivage bien de chez nous...
La pratique des lettres anonymes est même là une tradition ancienne
… que nous nous devions de révéler au grand jour,
tout comme il convenait de revenir sur la planante et bruyante affaire du " Petit Paumé ",
qui avait fait de Chaumussay le Woodstock de la Touraine.
Bref, derrière le calme apparent, la vraie vie!
" Et vous voulez qu'on vous parle du curé?" On ne s'est pas fait prier...
Vous l'avez compris, tout cela justifiait bien qu'on descende dans le midi (de la Touraine)
A Chaumussay un train n'en cache jamais un autre
Un village ès lettres

Alentour, c'est déjà un régal. Du paysage champêtre à rassasier de campagne les
gens de la ville, qu'ils soient parisiens ou tourangeaux. Champs crayeux et vertes prairies, boqueteaux épanouis et ruisseaux paresseux, hameaux et calvaires à tous les coins de route... et pas la moindre « maison de maçon » à l'horizon. On ne sait vraiment où poser son regard lorsqu'on roule dans ce décor rural, tant tout attire l'oeil. Mais attention au train! Pas de passage à niveau, un simple panneau avertissant l'automobiliste qu'il y a bel et bien danger à traverser cette voie ferrée rouillée... deux fois par jour, à l'aller et au retour du T.P.G. assurant à des horaires incertains la liaison Port-de-Piles - Tournon-Saint-Martin, pour le seul transport du kaolin. Très far-west, d'autant plus qu'il a le sifflement facile, le convoi de marchandises se fraye en tout cas un sinueux chemin dans la plus exquise des vallées de la Touraine méridionale. Une Touraine qui se donne là des airs de Limousin, les ondulations de terrain étant si peu tourangelles. Là-haut, au lieu-dit «le Paradis ", la carte topographique révèle qu'on culmine à 127m. Des hauts qui appellent des bas (autour des 60 m), là où la Claise caresse les « rouches " sous les saules argentés. Si peu pressée de rejoindre la Creuse, au sud de Descartes. On sent même qu'elle prend plaisir à refléter ce paysage paisible. Au creux duquel se blottit un sommet...

« Le centre du monde »

Un sommet du village français, qu'on croirait tiré d'une image d'Epinal et qui, en 1981, aurait pu remplacer celui de Sermanges (dans le Nivernais) sur les affiches de « la force tranquille ", tant il symbolise le village de France par excellence. C'est en arrivant de Barrou, Chambon ou Preuilly qu'on découvre sous son meilleur profil ce Chaumussay à l'écart des grands axes. On est alors saisi par la rusticité de ce bourg qu'un antique clocher à l'air bonhomme semble protéger. Ne reste plus qu'à se laisser glisser jusqu'à cette église dédiée à saint Médard et près de laquelle trône une attachante statue de Jeanne d'Arc, représentée en guerrière, son étendard à la main.
Mais le « grand » monument du pays, c'est à deux cents mètres de là, passée la Claise, qu'il faut aller le chercher: la Sainte-Vierge y tient un bébé dans les bras et saint Marc un évangile à la main, tandis qu'une eau miraculeuse coule inlassablement d'une fontaine insolite, une concrétion calcaire s'y étant formée.
Ce champignon de tuf serait même le plus beau que l'on puisse trouver en Touraine.


La fontaine Saint-Marc?

La fierté de Chaumussay ! Peu importe qu'elle ne soit référencée par aucun guide. A défaut de château ou de collégiale, les Chaumusséens en ont fait leur Sacré-Coeur. A chacun son patrimoine! Ce qui compte, c'est de valoriser les richesses dont on dispose. La nouvelle municipalité l'a d'ailleurs fort bien compris, en consacrant quelque sept millions de centimes à la restauration et mise en valeur de ce site historique qui fut autrefois un haut lieu de pèlerinage, les processions s'y déroulant le second dimanche de septembre autour de milliers de pèlerins. « On a illuminé les lieux et ça donne ma foi le plus bel effet. Allez y jeter un oeil à la nuit tombée. « Vous verrez, c'est digne d'un son et lumière. Sauf qu'il n'y a pas de son », se félicite Maurice Ferrand, un des conseillers municipaux. Dame! du beau boulot qu'a fait là Monsieur le Maire. Même Gaby, son malheueux rival des dernières élections, le reconnaît : " Pour ça, je lui tire mon chapeau ". Gérard Allard, le grand vainqueur des urnes, a donc décidé de poursuivre son action "coeur de village", généreusement subventionnée, avec la mise en souterrain des lignes d'électricité et de téléphone, des lampadaires de style ayant aussi été posés lors de ces travaux.

Chaumussay a du cachet

"Chaumussay a du cachet, c'est indéniable, de par sa situation naturelle. A nous d'accentuer ce privilège en esthétisant notre bourg, pour que s'y développe le tourisme rural, toujours générateur de vie. Nous aurons d'ailleurs bientôt un troisième gîte ", souligne le premier magistrat de la commune, qui a conscience que ne viendront jamais " s'enterrer " là de gros industriels.


L'avenir de ces bucoliques vallées
sera touristique ou ne sera pas.

Descartes l'industrielle file même un mauvais coton, Barbot venant d'annoncer quatre-vingts suppressions d'emploi. Car Chaumussay, c'est un peu le bout du monde. Tours s'agite à une heure de là, Loches roupille à quarante minutes et le chef-lieu de canton, Preuilly-sur-Claise, n'a même pas de supermarché. Certes, Châtellerault n'est qu'à 25 km, mais avec ou sans Edith, ce n'est tout de même pas le Pérou. Et déjà la Vienne: pas question de s'y rendre à titre administratif. « De toute façon, ici, on se sent tourangeau, pas poitevin », rappelle à ce propos Gaby, « maire honoraire ». Bref, on est là dans un trou. Un charmant trou! Dans ce que Fernand Cornil nomme « une zone de vide ».
«Pensez! la densité de population doit être de l'ordre de onze ou douze personnes au km2 (soit dix fois moins que la moyenne nationale). Certes, c'est un inconvénient, mais aussi un avantage. Le calme, j'apprécie », explique cet ancien haut-fonctionnaire, ravi d'avoir trouvé là une sérénité absolue à l'issue d'une carrière vagabonde l'ayant notamment mené de Yaoundé à Alger et de Pékin à Ouagadougou.
« Ici, j'ai tout pour vivre heureux: 3 500 m2 de terrain à entretenir, des vieux bâtiments à restaurer, de la préhistoire à portée de main et une flore assez riche pour un passionné de botanique comme moi. On a même de superbes orchidées », poursuit l'ex- conseiller culturel et scientifique de l'ambassade de France à Pékin. Lequel « étranger» n'est pas le seul à s'être amouraché de ce pays. Les chiffres témoignent: 110 résidences principales et 46 résidences secondaires. Il est d'ailleurs difficile de trouver là une maison à vendre, n'en déplaise aux « British » qui battent la campagne à la belle saison pour dénicher, dans cette contrée qui leur plaît tant, la fermette de leurs prochaines vacances.
Jeanne et Dominique Oudart, eux, ont acheté leurs vieilles pierres quand il en était encore temps, il y a onze ans. Quelques millions de travaux plus tard, leur antique manoir de la Chévrie a retrouvé son éclat d'antan. C'est même sûrement le plus beau logis seigneurial de la commune.

Chaumussay, c'est un cadre de vie exceptionnel

Artistes ès marionnettes, les Oudart se ressourcent là entre deux tournées à travers le monde: « Chaumussay, c'est un cadre de vie exceptionnel, mais aussi des gens accueillants quand on va à leur rencontre. Demandez à Jeanne: quand je ne suis pas là, elle est toujours invitée à droite à gauche ", se réjouit le célèbre marionnettiste, qui aimerait créer un festival de la gare de Chaumussay, cette dernière étant devenue la salle des fêtes: « Elle a autant de cachet que la gare de Perpignan. C'est un lieu d'atmosphère, avec sa grande cour ombragée, ses deux quais et surtout cette voie ferrée devant laquelle on a l'impression d'attendre un train qui n'arrivera jamais. Un décor très théâtral! ". Jean-Jack Martin, lui, va encore plus loin. « Chaumussay ? Mais c'est le centre du monde, avec des gens vrais. Des sages comme Angel Froux, René Charcellay, Maurice Salais, Maurice Ferrand... ", lance le fameux « philologue" de Touraine, qui, une ou deux fois par mois, quitte son « troglo" de Saint-Etienne-de-Chigny pour s'oxygéner dans ce pays qui respire. Et qu'il a « pratiqué" de jeune âge, son grand-père, surnommé Cul-Rouge, ayant été cultivateur à la Muanne, là où passait la ligne de démarcation. Le centre du monde, peut-être, mais sûrement pas un carrefour européen... Même la route principale de la région, celle du Grand-Pressigny à Preuilly, bien peu fréquentée pourtant, évite le village en se con- tentant de passer sur le plateau. Chaumussay est une bourgade qui se mérite! Et dont la population se réduit dramatiquement à chaque recensement. La commune, qui comptait 782 habitants en 1861 et 504 en 1968, n'en conserve aujourd'hui que 287. Une hémorragie démographique qu'aucune potion ne pourra arrêter, le chef- lieu de canton ayant même perdu 8,45 % de ses résidents entre 1983 et 1990. Car c'est en fait toute la Touraine du sud qui se dépeuple, victime de son isolement.

Jusqu'à cinquante lignes parfois!

Les jeunes désertent, mais la vie continue. Et le regroupement pédagogique Boussay-Chambon-Chaumussay tient encore le coup avec une quarantaine d'enfants scolarisés (dont une vingtaine de Chaumusséens), dans le cadre de deux classes courant de la maternelle au C.M.2, l’école de Chaumussay ayant été retenue pour ces cours, qui, tant à l'heure des récréations que des sorties, donnent un soupçon d'animation à un centre-bourg qui somnole à longueur d'année, hormis les jours de fête.
La mairie est toutefois ouverte chaque matin et l'agence postale chaque après-midi (levée à 15 h 30). Car Chaumussay n'est tout de même pas un village-fantôme. Sa municipalité travaille assurément consciencieusement, son budget annuel (800 000 F de fonctionnement et 250000 F d'investissement) étant il est vrai grevé par l'entretien d'une voirie particulièrement dense: pas moins de 38 km de routes et chemins communaux, la multiplicité des hameaux (dont le plus éloigné est à 4 km du bourg) justifiant ce vaste réseau routier.
La maîtrise des eaux pluviales, d'autant plus important à traiter que le pays est pentu, pompe aussi pas mal de deniers dans l'escarcelle municipale. Mais bien que l'assainissement du bourg soit fort coûteux, la municipalité n'en a pas moins lancé cette année son « grand chantier », en l'occurrence la rénovation de la mairie. Fort habile lorsqu'il s'agit de décrocher des subventions, Monsieur le Maire ne devrait pas pour autant augmenter les impôts locaux. Ces derniers temps, le ramassage des ordures ménagères a toutefois été porté à 180 F l'année par foyer, cette collecte étant assuré par le Sivom des trois communes faisant l'objet du regroupement scolaire.
Que dire sinon des délibérations municipales? Elles sont sensiblement les mêmes que partout ailleurs dans nos campagnes et rendues publiques par voie d'affichage et dans « la N.R. ». On y lit ainsi que « suite à la réunion du 21 novembre, il a été décidé d'établir des devis comparatifs pour le changement de la chaudière de l'appartement de l'école, de verser une subvention exceptionnelle de 500 F à l'école de musique de Preuilly pour l'achat d'un piano, d'acheter une deuxième urne transparente pour les élections de 1992...».
Les comptes rendus de conseil municipal constituent d'ailleurs l'essentiel de la chronique locale dans «la Nouvelle République» : jusqu'à cinquante lignes parfois! Les autres nouvelles n'ont droit qu'au style télégraphique: trois lignes pour annoncer une réunion paroissiale... à la salle de la mairie ou une coupure d'électricité, quatre lignes pour avertir que la permanence de l'assistante sociale aura lieu lundi prochain de 10 à 11 h, huit lignes pour convoquer les amateurs de belote au prochain concours organisé par la société de pêche (premier prix: deux jambons)...

Déraillement du train et brochet à la queue verte

Les grands événements, eux, peuvent justifier un développement royal de soixante lignes en page de Loches, comme ce fut le cas en 1990, lorsque deux brochets à la queue verte, pêchés dans la Claise, défrayèrent la chronique. On en parle même encore au bourg, tout comme on évoque le déraillement de l'unique train traversant la commune, le 13 décembre dernier. Le bilan fut il est vrai très lourd: 50 m de voie arrachée! Il fallut huit jours aux « sauveteurs» pour dégager les trois wagons et pour que le T.P.G. reprenne son petit bonhomme de chemin. Ah ! le beau déraillement... Ça vous met une de ces animations dans le bourg, comme on aimerait en voir plus souvent!
Car Chaumussay au quotidien, ça n'a rien de très très gai. Trois artisans travaillent encore au pays (un peintre et deux menuisiers-ébénistes oeuvrant pour les Beaux- Arts), mais rayon commerces, c'est le zéro absolu. La dernière boulangerie est fermée depuis tellement de temps qu'on ne sait même plus depuis quand et le dernier café, comme on le verra plus loin, s'est envolé... en fumée.
Ne reste donc que les commerçants ambulants pour ravitailler ce pays paumé. Le boucher de Barrou passe deux fois la semaine, le charcutier de Preuilly une fois et l'épicier du Grand-Pressigny idem. Tout comme le poissonnier de Mont- morillon, qui livre ses bouffis jusque-là. Côté boulange, là, y'a du pain sur la planche, tous les jours, ou presque. Car si le mercredi les deux boulangers de Preuilly et du Petit-Pressigny se font concurrence au centre-bourg, le jeudi, aucun ne le dessert. Il faut alors prendre sa voiture pour filer sur Pressigny-le-Grand ou sur Preuilly, selon qu'on préfère l'une ou l'autre petite cité (et que l'on habite à l'ouest ou à l'est de la Croix des Reuilles). Ou alors, on en profite pour faire le plein (d'essence et de marchandise) à l'intermarché d'Yzeures. « On est sûr d'y trouver ce qu'on cherche, parce qu'à Preuilly, il n'y a même plus de quincaillerie. Impossible d'y trouver une pointe », affirme Gabriel Briollet, l'ancien maire, qui confie volontiers son pessimisme quant à l'avenir de cette région.

282 âmes, trois comité des fêtes

« Le drame du monde agricole, on le constate ici plus qu'ailleurs. Chaumussay comptait une quarantaine d'exploitations en 1930. Il n'en reste qu'une quinzaine et ce n'est pas fini. Combien d'exploitants subsisteront dans cinq ans? Quatre ou cinq, pas plus! », poursuit Gaby, qui ne cultive plus que son jardin.
En tout cas, la jachère gagne du terrain, huit exploitations s'étant déjà mises à cette culture du futur. Mais l'élevage n'en reste pas moins une activité majeure pour nombre d'agriculteurs du cru, malgré les quotas laitiers.
Trois troupeaux de vaches, et deux de gros bétail, mais aussi un important cheptel de chèvres, cinq éleveurs suivant la filière caprine. Si le plus « gros» d'entre eux (200 bêtes environ) a opté pour le zéro- pâturage, les autres n'en sont pas arrivés à ce stade de la rentabilité optimale.
Ainsi, chez Guy et Rose François, à la Prade, quelque cent biques ont encore la chance de vivre sous l'ancien régime. Celui de la pâture deux fois par jour et de la traite comme dans l'temps: à la main! Charlot, Robert et Prosper, les trois boucs de la mai- sonnée, ont même quartier libre dans la cour de ferme. Mais n'allez pas croire qu'on est là dans une exploitation à l'ancienne Les époux François se sont même adaptés à l'air du temps en créant un Gaec (la commune en comptant deux autres) avec leur fils Jean-Claude et sa femme.
Les François se mettent donc en quatre pour pouvoir s'en sortir. En ne mettant pas tous leurs oeufs dans le même panier: cent chèvres, mais aussi soixante- dix moutons, deux vaches à lait, des canards, poulets et lapins en quantité, et tout de même 80 ha de terres à cultiver: maïs, tournesol, blé, avoine et tabac, sur des terres de qualité disparate (selon leur situation, sur le plateau ou dans les vallées) que la commission départementale des évaluations cadastrales a classées dans son échelle de valeur à un niveau moyen de 500 F l'ha (le secteur de Château-la- Vallière, à 410 F l'ha, étant le moins coté et celui du Richelais, à 600 F l'ha, le plus riche de Touraine).

Chaumussay : « les Ventres jaunes »

En tout cas, qu'elle semble loin l'époque où les Chaumusséens étaient baptisés « les Ventres jaunes », parce que leur gousset était tellement rempli d'or qu'il finissait par leur jaunir le ventre. Une richesse qu'expliquait peut-être l'importante production de vin des paysans du cru. Bien avant le phylloxéra!
Aujourd'hui, la vigne n'occupe plus que 13 des 1915 ha de la surface communale, mais il reste suffisamment de bouteilles pour ne pas se lamenter sur des lendemains incertains. A condition de se contenter de cuvées rustiques. Ni gamay ni cabernet, ni chenin ni sauvignon, pas même de côt et de grolleau, mais des cépages hybrides du type U 22 ou 54/55. Enfin, comme dit Renée Pilot du haut de ses 88 ans: « Du vin de la vigne, rouge ou blanc »), saint Puisais n'ayant pas prêché jusque-là... La preuve? On boit du gros rouge qui tache au banquet des laboureurs. Du « vin de table français» mis en bouteille par « Deletang, négociant à Tournon-Saint- Martin » . Quelle référence!
A faire pâlir un entonneur rabelaisien au teint le plus gaillard. Mais après tout, peu importe; picrate ou non, il règne toujours une chaude ambiance lors de ce banquet de la Saint- Blaise réunissant parfois plus de deux cents convives. Entre le gigot d'agneau et la salade de saison, le curé chante « le Temps des cerises» et le maire « les Grands boeufs blancs ", deux gendarmes participant verre et couvert en main à ces agapes qui sentent bon la France, même si la galantine de volaille et le filet de perche beurre citronné ne remporteraient pas un concours gastronomique. Si le banquet des laboureurs constitue un point fort de la saison festive de Chaumussay, il n'est pas pour autant la seule occasion de ripailler au pays.
Car de ce point de vue-là, la commune est animée. Pas de moins de cinq moutons sont ainsi sacrifiés au traditionnel méchoui de la fin août. Ajoutez à cela la « charibaude " de la Saint-Jean, le ball-trap nocturne de juillet et le semi-marathon de septembre, des concours de boules et de pêche à foison, des randonnées pédestres et des dîners dansants, ainsi qu'une fête à thème, en juin, évoquant les vieux métiers de la Touraine du sud, la Préhistoire dans le pays pressignien ou la première locomotive à vapeur construite en France (exposée à l'occasion). Sans parler des « marronniers " plus classiques du calendrier, de l'arbre de Noël à la fête des écoles et du 8-mai au 11-novembre. Chaumussay ou la fête retrouvée... Tant et si bien que la modeste commune était dotée de 1989 à 1991 de trois comités des fêtes.

Le vrai, le véritable et l'authentique...

Schématisons. Jusqu'aux dernières municipales, il n'en existait qu'un, auquel appartenait Gaby, l'ancien maire étant encore conseiller municipal de l'opposition. Laquelle, laminée en 1989, fut donc contrainte de se retirer de la mairie, mais en gardant la mainmise sur le comité des fêtes en question. D'où une légitime réaction d'électeurs de la liste victorieuse, prenant l'initiative de lancer Loisirs et Culture, une association ayant pour vocation de dynamiser le bourg en se substituant dès lors au comité des fêtes devenu comité d'oppo- sition. Et c'est ainsi qu'au lendemain de ces municipales chamboule-tout, Chaumussay eut ses fêtes de gauche et ses fêtes de droite, chaque comité ayant même en cet été du bicentenaire fêté la Révolution à sa façon: pique-nique sur le Champ- de-Mars pour les uns, visite de Versailles pour les autres.
C'en était trop... ou pas assez! Consciente de l'absurdité d'un tel clivage, la municipalité se décida donc en 1991 à créer une association « non engagée", Fêtes et Animations, susceptible de ramener les comités antagonistes dans une même structure, dont les statuts furent définis afin qu'elle demeure, quels que soient les résultats des prochains scrutins locaux, dans le giron du conseil en place. Mais les deux comités ne l'entendirent point de cette oreille et deux ans durant, Chaumussay se retrouva donc avec trois comités des fêtes... pour 282 habitants!
Et il fallut attendre 1991 pour que Loisirs et Culture, par ailleurs en proie à une crise intestine, choisisse de s'intégrer à Fêtes et Animations, le comité des fêtes de l'ancien régime s'étant par contre entêté à faire cavalier seul en continuant d'organiser ses propres manifestations.
Une durable scission qui navre Jacques Marié, sûrement le Chaumusséen le plus consensuel. Peut-être parce qu'il fait partie des nouveaux résidents. « J'ai eu le coup de foudre pour ce coin il y a onze ans et je suis directement passé d'un ensemble de neuf cents appartements, dans la banlieue parisienne, à cette propriété isolée, à neuf cent mètres du voisin le plus proche", raconte ce représentant en cuisines de restaurant, qui s'est très vite fondu dans le milieu ambiant. « Je ne suis pas venu là en terrain conquis, comme le font certains Parisiens à l'air supérieur. Je me suis fait tous les concours de belote et les moindres fêtes. Ce qui m'intéresse, c'est de faire bouger le pays, de rassembler toutes les bonnes volontés pour empêcher la commune de mourir ", poursuit ce rassembleur passionné qui consacre tous ses loisirs à son Chaumussay chéri. Et qu'on se doit d'applaudir pour sa « Feuille de Chaum'", ce petit journal local, plus ou moins semestriel, se voulant être un espace de communication ouvert à toute la communauté chaumusséenne. « Vivre ensemble n'est pas une entreprise facile, mais l'homme n'a pas d'autre choix. Le dialogue est indispensable ", conclut le président des parents d'élèves du Lochois.

1913 « Pas joli, joli! »

Le dialogue? Il existe, certes, surtout au moment des élections et à coup de lettres qui n'ont rien d'un billet doux: « Pas joli, joli! " Les missives anonymes sont même une tradition locale.
Ainsi, en 1913, une correspondance s'engagea-t-elle entre « un Groupe de Contribuables" et le maire de l'époque, un certain Emile Pagé, la confrontation portant sur le transfert du bureau de poste dans l'ancien presbytère.
Diable! que d'invectives carabinées dans ces trois lettres. « Je savais, ripostait le maire à la suite du premier courrier, que depuis longtemps il se débitait journellement des stupidités dans la commune, dans le genre de celles que vous avez pu lire. Je suis heureux qu'on ait osé enfin les écrire. Cela m'a permis de mettre les choses au point et de montrer la mauvaise foi de mes adversaires surpris en flagrant délit de mensonges.
Défiez-vous donc désormais de leurs racontars, car ils mentent afin d'induire la population en erreur. Leur tactique est une tactique de jésuites que je ne leur envie pas. Ayez donc, Messieurs du Groupe de Contribuables, le courage de votre opinion et signez vos écrits dorénavant afin de montrer qu'il vous reste encore un peu de crânerie.
A bas les masques!". Et ce furent « les lâches » qui signèrent la lettre en retour au « Roi des Tartufes » : « Avouez, excellent Monsieur Pagé, qu'en tout cela vous vous êtes coiffé de la perruque de Loyola pour faire la nique à votre curé, sur le dos des contribuables de Chaumussay... » M. Pagé signe, il a signé! ...
Tremblez, habitants de Chaumussay; fuyez, lâches contribuables et timides électeurs. Jupiter lance ses foudres; mais ce sont des foudres, émanant de ses fonds de culotte...
Allons bouillant Chevalier, rengainons la Durandal; un peu plus de modestie et moins d'insolence, pour que l'on ne puisse vous rappeler que si vous plantâtes si haut l'étendard de la couardise, vous ne fûtes jamais qualifié pour sonner le rappel du courage. Et si nous signons: les lâches ». Assurément un sommet du genre! Un chef d'oeuvre de la littérature venimeuse à côté duquel le cru 89 paraît presque fade.
Et pourtant, Monsieur le Maire eut chaud aux oreilles: «Analysez les déclarations de calamités agricoles 84 et demandez à Monsieur votre Maire pourquoi il a empoché une somme rondelette pour du maïs sinistré alors qu'il l'avait arrosé, au détriment des plus démunis bien entendu. Vérifiez depuis quelques années la liste des chômeurs déclarés dans votre commune et vous serez surpris d'y retrouver un fils du Maire qui travaillait chez lui; les amis ne sont-ils pas là pour payer les charges? Vous pourriez aussi vous faire confirmer son détournement d'héritage au détriment de ses frères et soeurs... Il a même poussé l'insolence, nous a-t-on dit, jusqu'à nommer sa secrétaire de mairie tout seul. Le Dictateur complet ». Et c'était cette fois signé: « le Comité de Défense du Socialisme vrai ».
Une lettre de « patrimoine », postée de Châtillon-sur-indre à tous les foyers de Chaumussay, quatre jours avant le premier tour des municipales de mars 1989, alors que deux listes fourbissaient leurs armes. D'un côté, celle de Gabriel Briollet (maire de 1971 à 1983), référencée à droite; de l'autre, celle du maire sortant, Gérard Allard, étiquetée à gauche. Deux clans qui, finalement, réussissaient jusqu'alors à faire plus ou moins bon ménage lors des séances de conseil, cinq des onze élus appartenant à l'opposition. Une co-existence pacifique à laquelle mit fin cette fameuse missive anonyme destinée à sabrer le maire en place. En vain, la lettre surprise s'étant en fait retournée contre son expéditeur, légitimement suspecté d'appartenir à la liste adverse.
Le verdict des urnes fut même sans appel, l'équipe Allard raflant tous les sièges. Un triomphe absolu pour le maire agressé qui, sans cette bavure supposée de l'opposition, n'aurait sûrement pas réussi une pareille performance. D'autant plus que l'affaire du « Petit Paumé» était à peine cicatrisée.

« D'accord, ça fumait dur... »

Le Petit Paumé? Encore un événement, ce « rock-café» ayant quelque temps fait de Chaumussay le Woodstock de la Touraine. « C'était au début des années 80. L'endroit me plaisait bien. J'ai donc décidé de racheter la licence IV du dernier bistrot de la commune, "le Vin sans eau", et de m'installer au bord de la Claise, sous l'enseigne du "Petit Paumé". J'avais déjà fait parler de moi au pays avant les municipales de 83, en collant des affiches de contestation sur des murs du bourg. Du genre: "Dallas a son J.R., Chaumussay a son Briollet".
Aussi, lorsque les pseudo-socialos sont passés, la municipalité m'a encouragé. Au départ, je faisais du coup de rouge et du menu ouvrier, avec déjà un peu de zique (comprendre musique). Et puis, j'ai lancé une formule dîner-spectacle. On faisait des soirées Piaf, Brassens... Jusqu'à 84 ou 85. Là, les retraités ont déserté. J'ai opté pour le rock, alors forcément... Les groupes venaient parfois de loin pour se produire ici le vendredi soir. On avait de cinquante à trois cents fidèles et c'est là que Chaumussay n'a plus suivi », raconte le père du "Petit Paumé", Joël Dumas, un cordial soixante-huitard aujourd'hui âgé de "quarante piges", la "gratte" à portée de main.
Un autre personnage du biotope chaumusséen ! Parlez-en un peu au bourg et vous en entendrez des tonnes à son propos. Maurice Salais, du haut de ses 87 ans, se montre d'une belle sagesse: « Le Petit Paumé », c'était plus de notre temps. Y'avait une grosse caisse qui cognait dur! On l'entendait jusqu'à Etableau et moi j'en profitais de ma chambre. C'est pourtant pas la porte à côté! » Gaby, l'ancien maire, se montre moins nuancé: « Dumas, il aime pas trop le boulot! Il a fait bien du tort à la commune, même que ça ralait dur.
Le lendemain de leurs festivals, fallait voir ça ! Des tas de gars étaient écroulés dans les fossés, ivres morts, mais ça ce n'était pas trop grave. Par contre, ce qui n'allait pas, c'était ces centaines de seringues qu'on retrouvait dans les jardins ». « N'importe quoi! Personne ne s'est jamais piqué lors de mes soirées.
D'accord, ça fumait dur. On a même, un jour de 14-Juillet, planté un gros pétard bleu-blanc-rouge sur notre façade », précise le rocker qui, après avoir été inquiété par la justice pour trafic de stupéfiants (mise à l'ombre à la clé), a choisi de revendre sa licence, ramenant le calme complet sur les bords de la Claise.
Là, où trois 14-Juillet de suite, quelque deux à trois mille gourmands de décibels s'étaient laissé griser par une overdose de "zique". « C'est vrai que leur look, du genre hard ou punk, contrastait avec celui du Chaumusséen moyen. Je me souviens qu'au soir du premier festival, "Chaumussay-rock", le village était complètement mort. Les grand- mères s'étaient calfeutrées chez elles et le fusil devait avoir été décroché. Mais c'était nuit de fête nationale, on avait le droit de faire du bruit ", justifie Joël Dumas qui, à défaut de pouvoir cultiver du cannabis dans son jardin, fait pousser des feuilles autorisées: salade et rhubarbe!
Marylène, elle, fait de la drogue douce. Le plus légalement du monde. Du virginie de goût précisément. Ses quelque seize mille pieds de tabac blond devraient produire cet été deux tonnes environ d'herbe à Nicot. Une sacrée nana, la Marylène, bosseuse autant qu'engagée. Son idéologie est même aussi cubaine que son activité. Car les Bernard, ce sont les communistes du cru. Fiers de l'être, n'en déplaise à Monsieur le Curé, à propos duquel Marylène ne se fait pas prier lorsqu'il s'agit d'évoquer une autre affaire (allez, la dernière !). « Il y a cinq ans, ma belle-soeur m'a demandé d'être la marraine de Thomas, mon petit-neveu. Arrivée à l'église, le père de Kermoysan m'a pris à part et m'a dit quelque chose comme ça: "Je ne peux pas vous mettre comme marraine, car vous n'avez pas élevé vos enfants dans la voie de Dieu". S'il avait pu m'excommunier, il l'aurait fait. Du coup, Thomas n'a pas de marraine. Alors que j'ai moi-même été baptisée et que je me suis mariée à l'église. On comprend pourquoi il n'y a plus qu'une messe toutes les trois semaines et qu'on n'y compte guère plus de six bigotes", vitupère l'accueillante cultivatrice des Rivaux. Tudieu ! quel village...
Et on ne peut pas tout écrire. On en a pourtant entendu bien d'autres, surtout après trois ou quatre verres de vin d'épines, le bien-nommé! Un breuvage du cru (à base de vin, de marc et de pousses d'épines) visiblement plus apprécié que la fameuse eau bénite de la fontaine Saint-Marc, dont les vertus curatives justifiaient jadis le déplacement de milliers de pèlerins. Cette eau miraculeuse était censée apaiser les fièvres... Nous ne saurions trop conseiller aux Chaumusséens (ainsi qu'à Monsieur le Curé) de s'y abreuver à nouveau.

Courez le pays !

Rien de mieux que l'été pour vagabonder au pays de la Claise et découvrir Chaumussay grandeur nature. Si vous venez de Tours, sachez que la route du Grand-Pressigny, par Ligueil et Paulmy, est non seulement la plus directe, mais aussi la plus champêtre. Passé la Claise face au délicieux petit café du superbe hameau d'Etableau, et sitôt la voie ferrée franchie, tournez à gauche et laissez-vous porter vers Chaumussay par ce pittoresque C8.
Arrivé au bourg, allez prendre un peu de hauteur pour vous régaler de ce si joli village, les points de vue les plus typiques étant offerts du haut de la route de Chambon et du sommet de la route de Preuilly. Ensuite, à vous de courir le pays par monts et par vaux, la mission « panier garni» pouvant être la plus heureuse façon de vous imprégner de cette Touraine « grand cru ». Aussi, carte en main (détaillée si possible), suivez nos pistes les plus terroitées.
A la Prade, les François vous accueilleront dans une véritable ferme de livre d'enfant. Outre le sainte-maure le plus fermier qui soit (traite à la main garantie), vendu 16 F en blanc et 17 F salé, vous trouverez là des canards, des poulets et des lapins. Et la douzaine d'oeufs à 8 F. Profitez de cet arrêt-victuailles pour admirer la collection de silex de Guy François et un insolite camion de pompiers (racheté aux sapeurs de Joué) utilisé pour divers travaux des champs.
Chez Gilbert et Sylviane Pilot, à la Muanne, là où se situait la frontière entre zone libre et zone occupée, les douze oeufs ne coûtent encore que 7 F 50 «le même prix qu'il y a vingt ans », déplore la fermière), mais pas question de lui enlever ses canards et lapins.
Simone et René Charcellay, à la Varenne, ne vendent quant à eux que du fromage de chèvre, blanc (c'est même le meilleur du cru) ou affiné.
Mais la mamelle d'or du meilleur« bique» de la région revient sans conteste à Colette et Maurice Ferrand, aux Bonneaux, pour leur chèvre de forme valençay. On y trouve tous les stades d'affinage, le plus convaincant étant celui où la croûte se pare d'une alléchante couleur ocre. Et à ce prix-là, 8 F, on aurait tort de s'en priver. Ce joyau du terroir se retrouve d'ailleurs sur la table de Jacky Dallais qui, à moins de dix bornes de là, propose le plus éblouissant rapport qualité-prix des grands restaurants de Touraine, pour son « petit menu» à 95 F (sauf week-end). Qu'on se le dise, à moins de profiter de l'aire de pique-nique récemment aménagée près de la rivière, à Chaumussay.
Chaumussay, que vous pouvez aussi aller humer lorsqu'il y a fête au pays... quel que soit l'organisateur! Le 4 et 5 juillet, le comité des fêtes proposera son traditionnel ball-trap.
Le 11, ce sera au tour de l'amicale des anciens d'animer le bourg avec son concours de boules, ouvert à tous les amateurs.
Le 19, lui aussi accessible à tous les passionnés d'hameçons, la société «le Dard» organisera sur la Claise son concours de pêche estival.
Le 20 août, Fêtes et Animations régalera les amateurs de mouton grillé avec son méchoui à succès, arrosé d'une soirée dansante avec orchestre « pour jeunes et moins jeunes ».
Le 30, il sera temps de perdre une poignée de calories, grâce au semi-marathon mis sur pied par le comité des fêtes en fin de journée.
Et le 6 septembre enfin, la randonnée pédestre de Fêtes et Animations fermera le ban de ces réjouissances de été 92.
Signalons à propos de balades pédestres dans ce paysage agreste que deux sentiers de randonnée existent sur la commune, en amont et en aval de la Claise, un parcours imprimé étant délivré à la mairie, chaque matin de 9 h à 13 h, un pin's aux armes de Chaumussay y étant aussi proposé au prix de 25 F. Mais attention! le tirage des cinq cents exemplaires sera vite épuisé.

FIN

Légendes des photographies illustrant l'article

Du rock aux champs!

Pendant les années 80, « le Petit Paumé » fut un fief de la musique « hard » Chaque vendredi soir, on pouvait s'en mettre plein les tympans. Un café-concert qui fit grand bruit, ces décibels de nuit ayant troublé nombre de Chaumusséens, plus habitués au chant du coq qu'à celui des Reactors, Volés et autres Voyous qui se produirent là « Concerts gratuits et "conso" à dix balles» "trip" non compris. Les gendarmes de Preuilly, eux, ont eu le nez fin.

Trois curés seulement pour le canton de Preuilly

Le père de Kermoysan dessert Chambon, Boussay et Chaumussay (où l'on ne compte plus guère qu'une douzaine de fidèles réguliers).

La doyenne

Face à la doyenne des Chaumusséens (Albertine Enault, 94 ans), Renée Pilot est certes encore jeune, mais à 88 ans, elle conserve un sacré souffle. Et il en faut pour le clairon ! Celui avec lequel elle appelait sa maisonnée quand c'était l'heure de la soupe. Une bonne femme du tonnerre, la Renée! Durant la dernière guerre, elle faisait même passer la ligne de démarcation clandestinement, ladite frontière passant dans sa ferme de la Muanne, « Je vis là depuis l'âge de 18 mois et j'y suis bien. Paris? Jean-Jack Martin m'y a emmenée en 1963 dans sa 2 CV. J'ai vu que c'était pas mieux qu'ailleurs", juge Renée Pilot, qui fut la première femme à appartenir au conseil municipal de Chaumussay, dès 1946. Un événement!

Pas à vendre

«Je vous avertis qu'il n'est pas à vendre. C'est pas de rapport ", précise Sylviane Pilot, la belle-fille de Renée, qui vit elle aussi à la Muanne (du nom du ruisseau fureteur coulant par là). Plus question pour elle d'aller vendre ses volailles sur le marché de Loches, bien qu'elle élève encore (outre deux chèvres et six moutons) pas mal de poules et de lapins, tandis que son "bonhomme", Gilbert, s'occupe des derniers rangs de vigne et donne un coup de main au "garçon", Christian, qui se consacre quant à lui aux céréales et aux arbres fruitiers, Chaumussay comptant quelque 25 ha de vergers. Lesquels ont été généralement implantés sur les anciens terroirs de vigne.

Recettes du terroir

A Chaumussay, le vin d'épines, dit aussi vin de bouchures, est une institution. Si le palais vous en dit, lancez-vous dans la fabrication de cette « tisane des pauvres ». Mélangez à 4 litres de vin rouge rustique, 1 kilo de sucre cristallisé et 1 litre de marc. Ajoutez-y 700 g d'épines noires, ramassées sur les bords de routes autour de la mi-juin, quand le bois de ces épines a assez d'acidité. Faites macérer le tout à froid trois jours durant et mettez en bouteille. Vous aurez alors un délicieux apéritif tourangeau au goût de terroir. Si la tentative s'avère fructueuse, récidivez à l'automne avec du vin de noix, Renée Pilot, l'une des doyennes du bourg, nous ayant confié sa recette Prenez alors 150 g de feuil- les de noyer fraîches et versez dessus 1 litre d'eau-de-vie. Laissez ainsi macérer huit jours, puis ajoutez-y 4 litres de vin rouge ou blanc. Peu importe lequel. «du vin de la vigne! ». Laissez encore macérer huit jours, puis enlevez les feuilles. Préparez alors un sirop avec 1 kilo de sucre cristallisé et 3 verres d'eau. Enfin, mélangez apéritif et sirop. Laissez refroidir et mettez en bouteille en prenant soin de filtrer ce divin breuvage de campagne.

A Chaumussay, les brochets avaient la queue verte !

Récemment, deux poissons, des brochets, ont été pêchés dans la Claise. Particularité des ésocidés : Ils avalent la gueule et la queue vertes. En gastronomie, on connaissait le " brochet au bleu» : la Claise fait des miracles. Les pêcheurs se sont Inquiétés de cette couleur étrange, pensant aussitôt à un vilain cas de pollution. Un spécimen a été envoyé au laboratoire départemental qui, à ce jour, n'a pas rendu son" verdict ». Le second a été mangé et, selon les gendarmes de Preuilly qui se sont livrés à une enquête en profondeur, donna entière satisfaction sur le plan gustatif. Les représentants de la maré-chaussée qui ont du flair, d'après les témoignages, apprirent qu'au moment de leur capture, les brochets" new look» étaient très vifs et vigoureux. En fait, Il ne s'agirait pas de pollution, mais d'un changement de flore. En raison de la sécheresse de l'été, les poissons prirent la couleur de la vase dans laquelle ils ont évolué. Des brochets « caméléons » en résumé.
Patrick Gonin La Nouvelle République 17 décembre 1990

CHAUMUSSAY, 1913

Arrondissement de Loches. Canton de Preuilly.
- 72 kil. de Tours, 41 kil. de Loches, 6 kil. de Preuilly.
- 577 hab., 188 élect.
Assemblée: 4' dimanche de juin.
Cours d'eau: la Claise.
Curiasité: église en partie du XI' s.
MAIRE: Pagé Emile
ADJOINT: Destouches Charles
CONSEILLERS MUNICIPAUX:
Barreau Félix, Baudichaud Joseph, Bertrand Louis, Delaporte-Vema Prudent, Delétang Raoul, Enauh-lion Louis, GrisonRené, Jarry Théodule fils, Mauduit Casimir, Petit Sylvain
SECRÉTAIRE DE MAIRIE: Joumier
INSTITUTEUR : Foumier
INSTITUTRICE: Mme Foumier
CURÉ: Manceaux Camille
RECEVEUR BURALISTE: Jarry Théodule
FACTEUR-RECEVEUR: Guyon
CHEF DE GARE: Mme Bobin
GARDE CHAMPÊTRE ET AFFICHEUR: jabillon
Bestiaux: Delétang-Anicet (marchand de boeufs) ;
Lamirault Joseph (courtier)
Baulanger: Boireau
Cabaretiers-débitants: Berry, Brunet, Destouches, Grison, Lamaud, Larcher, Ripault
Carrier: Brunet
Charpentiers: Grison René, Grison Théophile
Charrons-forgerons: Boué, Ripault
Coiffeur-perruquier: Jarry
Cordonnier, marchand de chaussures: Larcher
Engrais : Bertrand, syndicat agricole
Epiceries, rouenneries: Grison, Jarry, Voisin (Mme)
Hôtel: Destouches
Huilier: Delaloeuf
Journaux: Larcher
Maçonnerie: Arnault, Brunet, Nouhant
Maréchaux ferrants : Doussin, Lecamp-Babin
Menuisier: Bertrand
Meuniers et grains: Delaporte, Ferger
Pressoirs à cidre: Arnoult Basile fils, Grison
Sabotier: Destouches
Tabac: Jarry
PRINCIPAUX PROPRIÉTAIRES ET RENTIERS
Arnoult Basile, au Village-du-Bois ; Bergeon, aux Violliéres: Bertrand Louis, Delaloeuf Lucien, à la Trochère; Delaporte louis, aux Violliéres; Delaporte-Vema, au Carroir ; Delétang Raoul, à la Sinjoirie ; Enauh-Lion Louis, au Village-du-Bois ; Galpy-Drauh, à la Caillère ; Jacob (VveJ, aux Bonneaux; Joubert Henri, aux Viollières; Massé Cyprien, à la Caillère ; Moreau Iules, à Jussay ; Pagé Emile, château de la Prade ; Pagé Charles, château du Petit-Carroir ; Terrasin (VveJ, aux Carêmeaux; Veauvy Vincent; Vema-Eliot, aux Frippières.

L’affaire du presbytère 1913
(extraits de lettres)

Habitants de Chaumussay

Depuis quelques mois la Commune de Chaumussay est en effervescence ce pour une cause que nous connaissons tous.
Le bureau de poste dont le transfert pouvait s’opérer le plus simplement du monde et à la satisfaction générale est la seule cause de cette agitation.
Un local était trouvé, local répondant largement à tous les besoins, et réunissant toutes les qualités requises par l’Administration des Postes pour faire un bureau parfait, tant au point de vue hygiène qu’à tous les autres points de vue ; local sec, suffisamment grand et situé au centre du pays. Le propriétaire de la maison s’offrait à faire à ses frais les réparations nécessaires à l’installation du bureau ; donc, pas de dépenses pour la Commune. Cette solution, la plus simple et la plus économique devait évidemment trouver un écho près de nos conseillers municipaux, et clore pour longtemps cette question.
Eh bien non! C'eût été trop beau et trop avantageux pour les contribuables. Il fallait quelque chose de plus compliqué à certains de nos administrateurs dont le besoin de se distinguer se fait si fortement sentir, envers et contre tout.
Le presbytère, placé au fond d’une cour, tout à fait derrière l’église, suintant d’humidité, et nécessitant de grosses réparations pour le rendre à peu près logeable, voilà ce qu’ils ont choisi de préférence, sans tenir compte ni des lourdes charges qu’ils nous imposent, ni de la commodité qu’ils nous enlèvent et sécrifiant d’un cœur léger le bien-être et même on peut bien le dire, la santé de MM. les fonctionnaires des Postes.
Avec un aplomb à nul autre égal, M le Maire aurait prétendu en pleine séance du conseil Municipal que l’immeuble placé au milieu du bourg, et à la portée de tous les habitants de la Commune était insalubre !…
Donc pour satisfaire aux caprices d’un ou de plusieurs meneurs, voilà une Commune privée de son bureau de Poste, ou obligée d’accepter un local mal situé, impossible à habiteer sans réparations très onéreuses, et on ne peut plus insalubre.
Voilà le cadeau que va nous léguer M. le Maire, lorsqu’il nous tirera sa révérence, si on n’y veille en haut lieu .
Mais osons espérer que la haute administration mettra bon ordre à une pareille monstruosité. Dans le cas contraire, MM. les électeurs de la Commune de Chaumussay sauraient s’en souvenir, nous en sommes persuadés.

UN GOUPE DE CONTRIBUABLES.

Chers Concitoyens,

Le 3 décembre dernier vous avez reçu un papier signé « Un groupe de Contribuables». J’y suis pris à partie et tiens à protester énergiquement contre cet écrit anonyme dans lequel les auteurs mentent, se couvrent de ridicule et font preuve de lâcheté.

ILS MENTENT

Quand ils affirment que l’un des immeubles de M. Piessard-Massadry convenait à l’installation du bureau de poste. La meilleure preuve, c’est que par les lettres des 18 octobre et 14 novembre derniers, M. le Directeur des Postes m’informe que l’ancien presbytère est le seul local qui puisse convenir à l’établissement du bureau.

ILS MENTENT ENCORE
Quand ils prétendent que par sa situation l’ancien presbytère ne convient pas à l’installation d’un service public. Cependant il formera bien groupe avec tous les autres bâtiments communaux : église, mairie, école.

ILS MENTENT TOUJOURS
Et cette fois se couvrent de ridicule quand ils affirment que l’ancien presbytère est insalubre. Ah ! ils prétendent que c’est « une grenouillère » suintant l’humidité et susceptible de compromettre la santé des fonctionnaires.

ILS SONT LACHES
Redoutant la lumière, les auteurs de cet écrit s’abritent sous le couvert de l’anonymat. La vérité les gène donc ? Cependant ils ne craignet pas de faire planer des soupçons sur des innocents n’ayant eu aucune part ni dans l’inspiration ni dans la rédaction de leur papier. Les scrupules ne les embarrassent pas.

A bas les masques !
Je vous attends et signe :
E.PAGE

Maire de Chaumussay

Le 3 décembre dernier vous avez reçu un papier signé « Un groupe de Contribuables». J’y suis pris à partie et tiens à protester énergiquement contre cet écrit anonyme dans lequel les auteurs mentent, se couvrent de ridicule et font preuve de lâcheté.

ILS MENTENT

Quand ils affirment que l’un des immeubles de M. Piessard-Massadry convenait à l’installation du bureau de poste. La meilleure preuve, c’est que par les lettres des 18 octobre et 14 novembre derniers, M. le Directeur des Postes m’informe que l’ancien presbytère est le seul local qui puisse convenir à l’établissement du bureau.

ILS MENTENT ENCORE
Quand ils prétendent que par sa situation l’ancien presbytère ne convient pas à l’installation d’un service public. Cependant il formera bien groupe avec tous les autres bâtiments communaux : église, mairie, école.

ILS MENTENT TOUJOURS
Et cette fois se couvrent de ridicule quand ils affirment que l’ancien presbytère est insalubre. Ah ! ils prétendent que c’est « une grenouillère » suintant l’humidité et susceptible de compromettre la santé des fonctionnaires.

ILS SONT LACHES
Redoutant la lumière, les auteurs de cet écrit s’abritent sous le couvert de l’anonymat. La vérité les gène donc ? Cependant ils ne craignet pas de faire planer des soupçons sur des innocents n’ayant eu aucune part ni dans l’inspiration ni dans la rédaction de leur papier. Les scrupules ne les embarrassent pas.

A bas les masques !
Je vous attends et signe :
E.PAGE

Monsieur le Maire de Chaumussay,

Nous n’avons pas la prétention de lutter seuls contre l’Administration dont vous êtes un si bel ornement ! Ce serait peine perdue, car nous ne sommes pas embrigadés.
Comment nommez-vous l’homme qui, plutôt que d’agir au grand jour, que de s’entourer ouvertement des précautions sus-relatées, s’en va furtivement, comme un malfaiteur redoutant les gendarmes, de Sous-Préfecture en préfecture, en passant par l’antichambre de la Direction des Postes, etc., etc. pour brasser ténébreusement sa répugnante cuisine, dans les sous-sols administratifs ?
Avouez, excellent Monsieur Pagé, qu’en tout cela vous vous êtes coiffé de la perruque de Loyola pour faire la nique à votre curé, sur le dos des contribuables de Chaumussay ; mais qu’il vous a fallu l’aide de certains plumitif de Preuilly pour mieux la fixer ?
M.Pagé nous attends. Ne voyez-vous pas ce fier gentilhomme enfourchant sa rossinante ? On se demande vraimet si le malheureux ne relève pas plutôt du cabanon.
Mais reportenons nous à sa jeunesse. Demandons à ce brrrave entre les brrraves, le nom du jeune conscrit qui avait les pieds nickelés pour faire son service militaire et remplir son devoir de citoyen français ? Demandons des nouvelles du jeune bourgeois d’alors (aujourd’hui le plus grand des démocrates) qui, les pieds sur les chenets présentait fièrement sa puissante poitrine au feu convergent du foyer ancestral, alors que ses camarades se faisaient tuer à sa place en 1870-1871.

Et nous signons : LES LACHES

Mise à jour du lundi 8 septembre 2008

Si vous avez des documents, des photos, des histoires sur Chaumussay, merci de me contacter.

vos remarques et suggestions webmaster@chaumussay.com