Promenade historico-anecdotique dans Chaumussay.
Halte 1 : Place de la mairie.
Les origines de la commune
L'origine du nom Chaumussay est le mot chaumusse qui signifie : terrain élevé et découvert, friche aride. On cite aussi parfois : Calmussus, le nom romain mais ce n'est pas prouvé. La première citation sous le nom Chaumucayum date du milieu du XIIIème siècle, puis ce sera Chaumucaio en 1360 et plus tard Chaumussay. Le territoire communal est habité, en réalité, depuis fort longtemps. On a trouvé des vestiges d'outils à Piedsec, aux Fripières et près du bourg, datant du paléolithique.
La population a encore augmentée durant la période néolithique, pour preuve : le menhir de la Prade et surtout à Benagu avec l'important vestige d'un atelier spécialisé dans la fabrication de grattoirs et de burins. Les Romains vont aussi laisser des traces dans la région. On a trouvé des pièces de monnaie de cette époque à l'endroit où a été construite la gare. Aux Caillères, une vingtaine de sarcophages mérovingiens ont été mis à jour. A la Sinjoierie, on a découvert un atelier de fondeur de l'époque du bronze.
Le premier registre paroissial date de 1640.
L'habitat est extrêmement dispersé sur le territoire communal. On compte près d'une centaine de hameaux. En 1687, on dénombre 125 feux soit 560 personnes. En 1789, le chiffre monte à environ 770, le chiffre le plus élevé étant de 824 habitants en 1856.
Les deux « Jean le Meingre » dits Boussicaut, père et fils, furent les plus célèbres seigneurs de Chaumussay. La seigneurie changea souvent de mains par la suite, pour revenir à Claire Renaudot, petite fille de Théophraste Renaudot, médecin de Louis XIII et créateur de la Gazette de France, le premier journal paru. Aujourd'hui, on connait le prix Renaudot, créé en marge du prix Goncourt, en 1926 par des journalistes et critiques littéraires.
La statue de Jeanne d'Arc
Pour comprendre la présence de cette statue à Chaumussay, il faut se projeter en 1839, lorsque le conseil municipal décida de déménager l'ancien cimetière situé à côté de l'église.
Le terrain abandonné devient rapidement un dépôt de matériaux en tous genres. L'abbé Brung, homme très dynamique va s'en émouvoir et proposer au conseil municipal en 1895 de créer un massif de fleurs et faire ériger la statue patriotique de Jeanne d'Arc afin, selon sa citation , «afin d'éveiller un sens de l'hygiène et du patriotisme chez les écoliers des deux sexes par la vue continuelle d'une des gloires les plus pures »
Le conseil accepte la proposition et la statue sera inaugurée sous une pluie battante, le 13 septembre 1896 devant 4000 pèlerins. A l'origine, son socle depuis recrépi, représentait la porte royale de Loches.
A l'époque ou école publique et école libre se livrent bataille, l'abbé Brung aura réussi à imposer la statue de Jeanne d'Arc, symbole du patriotisme juste devant l'entrée de l'école publique !
La place, son rôle ; la mairie, l'ancien presbytère.
Il y a plusieurs dizaine d'années, cette place était plus petite. S'y tenaient le marché hebdomadaire, la distribution du pain et même le marché des journaliers.
Il y avait aussi une pompe publique où chacun pouvait venir chercher de l'eau. Une a été réinstallée en 2012.
Le bâtiment, élevé à la fin du XIXème siècle, actuellement occupé par la Mairie, accueillait une partie des écoles.
L'ancien presbytère, à côté du clocher, une des maisons les plus anciennes du bourg date probablement du XVIème siècle. Le bâtiment communiquait certainement avec l'église avant que cette dernière soit agrandie.
Halte 2 : l'église Saint-Médard.
L'extérieur.
L'église est placée sous la protection de Saint-Médard. D'architecture Romane, elle date, dans sa partie centrale, du XIème siècle. Elle a la particularité d'avoir été agrandie deux fois, d'abord du côté opposé au clocher, probablement vers 1750, puis aux environs de 1830, sur le côté droit, empiétant sur une partie du cimetière. Ces agrandissements successifs lui donnent ce curieux aspect.
Le clocher avec son toit en « tabatière » est particulier. Il a deux cloches dont une pèse 480 kilos. Elles datent de 1860, issues de la fonderie Bolle au Mans. Le clocher d'origine était probablement une flèche ou 4 fléchettes de pierre.
L'intérieur.
La chaire et une grande partie des ornements ont été réalisées par l'abbé Brung. Ce nom sera souvent prononcé pendant la visite, car il a fortement marqué le village de son empreinte. Nous allons en reparler.
Dans cette église, il y a quelques très belles peintures et des vitraux intéressants. Ils ont été fabriqué par l'atelier Stelzl à Nancy en 1869 sauf un signé par le célèbre atelier tourangeau Lobin, de sensiblement la même période. Sous le chur, malheureusement cachés par une dalle de ciment coulée en 1870 se trouvent les membres de la famille Boussicaut. Les fils de cette famille furent successivement Maréchal de France durant 2 générations.... On retrouve d'ailleurs un de ces personnages dans les aventures de Thierry Fronde.
Dans le chur non remanié, à remarquer les stalles avec des miséricordes
C'est le 5 avril 1868 que l'abbé Brung est nommé curé de Chaumussay . Né 28 ans plus tôt à La Guerche, il arrive du Grand-Pressigny. Il a une solide réputation de spécialiste en archéologie préhistorique. Le personnage est haut en couleurs et extrêmement dynamique. On sait déjà qu'il a fait ériger la statue de Jeanne d'Arc, décoré et meublé l'église. C'est loin d'être fini. Il est aussi un des pères du musée du Grand-Pressigny et il donne des conférences à la société archéologique de Tours. Il décède à 60 ans et est enterré ici au cimetière devant l'ancienne entrée.
Halte 3 : la place de l'ancienne poste.
La grange dîmière et son pigeonnier.
Cette grange daterait du XVIème siècle. C'était là qu'était stockée la dîme, c'est-à-dire les impôts jusqu'à la révolution. La porte d'origine a été conservée. La charpente, très visible a été remaniée en partie lors de l'agrandissement de l'église.
Sur le côté, il y a un magnifique pigeonnier mis en place, parait-il, par l'abbé Brung. Pourquoi à cet endroit ? Peut-être faut-il y voir un clin d'il, les pigeonniers étant souvent symbole de richesse des lieux.
Le puits.
Il date du XVème siècle. Les puits proches des églises servaient à approvisionner en eau le curé ... il utilisait la même eau pour allonger le vin de messe !
A côté, le presbytère qui deviendra la poste.
Devant l'école aujourd'hui malheureusement fermée, il y avait jusqu'au milieu du XIXème siècle un étang marécageux.
Les modillons.
L'arrière de l'église présente une belle série de modillons. On ne connait pas la signification de ces modillons qui sont toujours en relation avec la période romane. On suppose que le tailleur avait toute liberté pour s'exprimer. Une théorie suggère qu'ils avaient pour fonction de chasser les mauvais esprits. Ce qui est probablement faux : certains étaient parfois licencieux, voire obscènes. Si le modillon représente un visage, on l'appelle mascaron.
Halte 4 : le pont.
L'ancien emplacement.
Il était situé en face du chemin qui mène à la source Saint-Marc. C'était plus une passerelle qu'un pont, probablement assez basse et en bois. Suite à la forte crue du 21 juin 1732, cette passerelle a été emportée. Elle sera reconstruite la même année.
En aval, il y avait l'abreuvoir qui va être utilisé jusque dans les années 60.
En 1869, la décision est prise de construire un pont de pierre.
Le nouveau pont et ses conséquences.
Deux variantes s'affrontent :
- Soit procéder à une construction perpendiculaire à la rivière,
- Ou alors l' établir un biais, au-dessus de l'abreuvoir pour terminer en face de la fontaine.
C'est la première variante qui est choisie. Ce pont sera construit pour résister à des crues de 2 métres15 avec un passage sous la voute encore libre de 1 mètre 40.
En 1875, il est décidé d'aligner la rue principale sur le nouveau pont. L'ancienne passerelle sera détruite cette même année.
En 2010, le tablier du pont après 135 ans de bons services est refait entièrement.
Par sa situation, ce pont a toujours été un lieu de rendez-vous et de bavardages, surtout en fin d'après-midi.
Halte 5 : la fontaine Saint-Marc.
Le calvaire.
Sur la colline surplombant la fontaine, l'abbé Brung fait ériger un calvaire qui est une tentative de reconstitution du Mont Golgotha. En dessous, un rappel de la grotte de Lourdes. A côté, la petite construction pseudo-médiévale a été élevée à l'occasion de la première visite de l'archevêque de Tours, monseigneur Renou en 1893. Derrière ces murs, il y avait une école privée tenue par des religieuses.
La fontaine.
La fontaine Saint-Marc est alimentée par une source située à une vingtaine de mètres au-dessus. Les eaux auraient des pouvoirs contre les fièvres et les maladies aux yeux. Plus intéressant encore est l'excroissance de tuf qui s'allonge en forme de monstre marin. Ce phénomène dû à des mousses fixatrices du calcaire est ici remarquable. Le bassin en-dessous avant sa reconstruction était un lavoir construit par l'abbé Brung.
Le chemin qui s'élève devant la statue de l'évangéliste était celui du pèlerinage. Cette source, bien avant qu'elle s'appelle Saint-Marc faisait déjà l'objet d'un culte, en effet, l'Abbé Brung y avait découvert un superbe ensemble de flèches en silex accompagné de haches votives, probablement une offrande faite aux Dieux !
On trouve trés souvent des croix au-dessus des fontaines. Ici elle a été érigée au-dessus de l'école privée, juste à côté.
Le pèlerinage.
Ce pèlerinage, encore une initiative de l'abbé Brung, attirait des milliers de pèlerins et avait lieu chaque année le deuxième dimanche de septembre. Le livret rédigé à l'intention des pèlerins précisait qu'ils pouvaient assister à toutes les cérémonies avant le départ du train. Le succès de ces pèlerinages a eu une autre conséquence, c'est l'incroyable variété de cartes-postales sur Chaumussay, près d'une centaine. Elles étaient vendues dans les épiceries et les cafés.
Halte 6 : la rue principale.
L'alignement.
Avec le nouveau pont, la rue principale a été parfaitement alignée. L'emplacement de l'ancienne rue est resté ouvert, ce qui fait que le trottoir est large, on parle parfois de trottoir usoir, assez courant dans l'est de la France.
Les commerces d'antan
Comme beaucoup de villages, Chaumussay s'est vidé de son activité commerciale et artisanale. Il y a quelques dizaines d'années, le bourg comptait jusqu'à six cafés en activité. En 1903, on dénombrait : 2 boulangers, 4 charpentiers, 2 charrons, 1 coiffeur, 1 cordonnier, 2 maçons, 3 épiciers, 1 hôtelier, 1 sabotier, 3 meuniers, 2 maréchaux-ferrants, 2 buralistes, 2 instituteurs, 2 facteurs et 4 cafés.
Halte 7 : l'avenue de la gare.
Le percement.
Pour atteindre la nouvelle gare de voyageurs et de marchandises construite en 1884, il fallait une belle avenue. Le chemin d'Etableau étant trop étroit et tortueux, on va carrément couper un ancien café en deux ! Dans les années qui vont suivre, l'avenue va se développer avec 2 cafés, une épicerie, un sabotier, un relai de poste appelé « Le cheval Blanc » et un charron.
Le lavoir et l'alambic.
En quittant l'avenue de la gare et en reprenant l'ancien chemin d'Etableau surnommé aujourd'hui le chemin vert on arrive sur la Claise. C'est à cet endroit que le nouveau lavoir sera installé, il y restera jusqu'en 1960. Les femmes y étaient tranquilles et pouvaient critiquer, voir médire sur les hommes. Ces derniers vont alors installer l'alambic communal à côté du lavoir pour mieux les surveiller.
Le barrage.
Installé aujourd'hui à la place du lavoir et donc de l'alambic, il régule la Claise dont le débit n'est pas si calme que ça. Les chiffres parlent d'eux-mêmes Le débit moyen est de 4,5m3 à la seconde. Ce débit peut s'élever à 85 m3 par seconde en cas de forte crue. Le record de ces 40 dernières années est 103m3 par seconde le 21 décembre 1982. En été le chiffre le plus bas enregistré est 0,140m3 par seconde.
L'ancienne laiterie.
Dans les années 60, la laiterie de Ligueil est en plein développement. Elle va s'étendre et ouvrir deux nouvelles laiteries, une à Tournon Saint-Martin et une à Chaumussay. Malheureusement, quelques années plus tard, Ligueil va péricliter, la laiterie de Chaumussay ferme, puis celle de Ligueil, alors que Tournon va se développer.
Aujourd'hui, les bâtiments de l'ancienne laiterie qui se situe dans la région AOC Sainte-Maure de Touraine abritent quelques deux cents belles chèvres blanches, et le camions laitier vient chaque jour chercher le précieux liquide. Nous sommes aussi ici, dans la zone d'appellation Charente-Poitou pour le beurre et les agneaux.
Halte 8 : la rue du bourg.
Le petit patrimoine.
Cette rue est intéressante car elle présente quelques particularités architecturales représentatives du bourg. Jusqu'à la fin du XIXème, elle était jointive avec la rue des oiseaux. Les maisons qui bordent cette rue ont pratiquement toutes été reconstruites sur d'anciennes bâtisses. Chaque maison avait un puits et un four à pain.
Une des maisons présente une lucarne très particulière appelée guitarde. Selon le conservateur du musée du compagnonnage à Tours, il y en aurait trois en Touraine de ce type. Sa particularité est sa complexité d'assemblage : aucune pièce n'est droite. C'est un travail de compagnon du début du XIXème. Il y a une autre guitarde, plus classique probablement du même charpentier sur la maison voisine.
Au coin de la rue, on trouve une superbe borne, installée là pour éviter que les roues de charrette ne cognent l'angle et au-dessus subsiste un support métallique pour mettre une branche d'arbre, emblème signifiant qu'un conseiller municipal y habitait.
Halte 9 : le chemin des Fourcheries.
Le prieuré Saint-Valentin
Chaumussay avait un prieuré dépendant de l'abbaye de Fontgombault, le prieuré Saint-Valentin. Ce prieuré fait actuellement l'objet d'une étude approfondie par le père Troupeau, archiviste actuel de l'abbaye qui prépare une publication. Ce prieuré, situé au chemin des fourcheries était contigu avec le cimetière et le presbytère. C'était un petit établissement dont le prieur officiait à l'église. Ce prieuré, en très mauvais état a été démonté il y a quelques dizaines d'années, une fenêtre trilobée gothique a été sauvée. A la révolution, tous les terrains avoisinants appartenant au prieuré ont été racheté par le curé Charcellay, comme quoi l'église avait encore un certain pouvoir.
L'ancienne voie de chemin de fer
On n'a pas eu le temps d'aller jusqu'à la gare, remarquablement transformée en salle des fêtes. Quelques mots concernant le train.
La ligne de chemin de fer Port de Piles-Le Blanc a été inaugurée le 14 juin 1885. Il y avait 2 trains de voyageurs et colis par jour jusqu'en 1950. Ensuite, la ligne a été utilisée par un train qui transportait du kaolin jusque dans les années 2000. Il va même connaitre un déraillement le 13 décembre 1991.
La construction de la ligne n'a pas dû être chose facile, en effet, la construction de la gare et de la halle de marchandises a nécessité l'expropriation de 34 parcelles !
Halte 10 : Retour à la place de la mairie.
Bibliographie et remerciements :
¬-Dictionnaire des communes de Touraine. Collectif. Editions C.L.D
-La vallée de la Claise et de la Creuse. Bernard Briais. Editions C.L.D
-La vallée de la Claise Tourangelle. J. Claude Marquet. Editions C.L.D
-La Claise. Collectif. Editions SERIA.
-L'origine des noms de lieux de L'I &L. Stéphane Gendron. Editions Hugues de Chivré.
-Cahiers de la Poterne. Société Archéologique de Preuilly sur Claise.
-« Feuille de Chaume » Bulletin communal de Chaumussay
-Site de Chaumussay
Marie-Thérèse Bruneau, maire de Chaumussay.
Henri Guilbert
Maud Palazzo
Marie-Odile Brouard
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