Le cahier de Camille
Chapitre 12 |
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Remerciements et avertissement
Merci à Camille Destouches sans qui les origines, les impressions, les souvenirs retracés tout au long de ce recueil nous laisseraient dans l'ignorance sur la vie et le destin de nos ancêtres Merci à Dominique, Géraldine et Philippe Parasote-Millet dont l'apport a été considérable pour que le document source puisse donné naissance à ce récit mis à disposition du site de Chaumussay qui peut ainsi retrouver la vie des siècles derniers. |
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Chapitre 12- Sur le front « Nicolas conserva longtemps le célibat et ne quitta son pays natal que pour effectuer, dans l'infanterie, son service militaire, puis la guerre de 1914/18. Là, il se révéla un héros. Oh ! Un héros modeste, un héros obscur, qui l'ignore tout le premier. Les 52 mois de front, il les passa toujours en première ligne, toujours dans l'infanterie, toujours aux postes périlleux, parce qu'on le mettait là et qu'il s'en accommodait. A-t-il jamais protesté ? A-t-il jamais rouspété ? A quoi bon tout cela, puisqu'il fallait y aller ! Les autres y étaient bien ! Nulle raison pour qu'il n'y soit pas ? C'était un sage et un brave, sans le savoir. S'est il jamais demandé s'il était plus exposé à tel poste qu'à tel autre ? J'en doute ! Il allait là où était son destin, sans jamais se soucier de ce qu'il en adviendrait. Puis, à quoi bon y changer quelque chose ? Il n'arrive que ce qu'il doit arriver. Et voici comment, sans les avoir cherchées, et encore moins sollicitées, Nicolas eut trois citations. Il n'en tira aucune vanité. Le hasard seul fit les choses. D'autres y seraient restés ! Lui, en est sorti. Pourquoi lui ? Il l'ignore totalement ! Quand on lui commandait d'avancer, il avançait. Si on le faisait se replier, il se repliait, avec le même calme, la même insouciance, la même tranquillité. Car, il n'a jamais cherché à discuter les ordres, pas plus qu'à se soustraire à son devoir. Une consigne lui était donnée, il l'exécutait. Etait-elle juste ou injuste ? Il n'avait pas à s'en préoccuper. Jamais, il ne tenta de s'embusquer. C'était le soldat modèle. Pendant un moment, on le mit muletier. Il fut muletier, toujours dans l'infanterie. Puis, on le versa au ravitaillement. Il ravitailla. On envoya son bataillon en seconde ligne creuser des sapes, des tranchées, des boyaux ; il creusa, il piocha, il pella. On le reversait à nouveau à la compagnie, parce qu'il y avait des coups durs. Il encaissait les coups durs. Son régiment était, ou dissous, ou désaffecté : il passait dans un autre. Et c'est ainsi que, parti avec le glorieux 77ème, il fut ensuite versé au 135ème, puis au 114ème, pour finir la guerre au 125ème, toujours dans l'infanterie, toujours au 9ème Corps d'Armée. La première fois, qu'au cours de la guerre, nous nous rencontrâmes, fut à l'automne de 1917. La 59ème Division d'Infanterie, à laquelle j'appartenais venait d'être rattachée à son corps actif, le 9ème de Tours. Celui-ci, comme du reste la 59ème Division, était au repos sur les bords de la Meurthe et du Canal de la Marne au Rhin, à une quinzaine de kilomètres du front, région de la forêt de Parroy, Nord Est de Lunéville. St Nicolas était le siège du quartier général. Nos hommes, concurremment avec ceux du 9ème Corps, étaient chargés d'effectuer des travaux de fortification et de retranchements, dans cette région, qui avait paru au G.Q.G. insuffisamment protégée. J'appris que le régiment de Nicolas se trouvait à Maixe, alors que je cantonnais à Rosières aux Salins à 8 ou 9 kilomètres de là. J'enfourchai une bicyclette et je me rendis à Maixe, autour duquel d'énormes masses de terre étaient remuées, retournées, déplacées. J'eus quelque difficulté à trouver mon cousin au milieu de ce vaste chantier. Enfin, je le découvris qui, une pelle à la main, projetait hors de la cavité qu'avec d'autres il creusait, terre, pierres, cailloux. - « Tiens ! C'est Camille ? Eh ! Bien, mon vieux ! En voilà une surprise ! Je ne t'attendais pas ici ! Tu es donc cantonné dans les environs ? » La conversation s'engagea et j'invitai Nicolas à venir me voir à Rosières, au premier repos qui lui serait accordé. Mais, non gradé, il ne jouissait pas d'autant de libertés que moi. Il ne vint jamais. Nous nous retrouvâmes quelque mois après, en avril 1918, au plus fort de la gigantesque bataille dont Amiens était l'enjeu. J'étais cantonné à la Faloise, sur la Noye, affluent de l'Eyre, parallèles en leurs cours. Or, le front mouvant étreignait, à 5 ou 6 kilomètres de nous, sur les rives de l'Eure et les coteaux qui la bordent à l'ouest, troupes allemandes et françaises qui, en de formidables chocs, se heurtaient sans relâche, dans une furie ininterrompue. La Faloise, déformation en patois picard du mot : la Falaise, est un village construit sur une falaise, sorte de promontoire étroit, qui sépare le val de la Noye, d'un ravin profond et boisé. Ce ravin, en avril 1918, était farci, tapissé d'artillerie lourde, pièce de 155 Schneider, qui jour et nuit et presque sans arrêt, tiraient par-dessus le village, à 18 kilomètres de là, sur les arrières des lignes allemandes, pour gêner le ravitaillement en vivres et en munitions, atteindre routes, voies ferrées, centres de communications, batterie d'artillerie, etc. C'était un sabbat infernal, d'autant plus violent que presque toutes les maisons, cours, granges, porches, recelaient des canons. Notre ambulance était installée dans les locaux de la mairie et de la maison d'école, à pic au dessus de la Noye, face au front. Aussi, pouvions-nous, tant par le son, que par les lueurs, suivre les péripéties de la bataille. Les nuits n'étaient faites que d'un immense brasier tout l'horizon flambait : feu des dizaines de milliers de canons, incendies des villages, villes, hameaux. C'était terrifiant et assourdissant : terrifiant, par ce que nous voyions et entendions du grondement de la bataille, assourdissant, parce que nous surplombions toute la ligne d'artillerie lourde qui, à 100 ou 200 mètres de nous, hurlaient de toutes ses bouches. C'est au milieu de cette fournaise sanglante que Nicolas continuait tranquillement à tenir. Les combats, dans lesquels était engagé son régiment, se déroulaient autour du château et du parc de Grivesnes. Le maréchal Foch avait donné l'ordre de tenir : tenir, pour empêcher le Boche de déborder Amiens et, en coupant la ligne et la route Paris Calais, isoler la France de l'Angleterre et rejeter les Anglais à la mer. Les Français se faisaient tuer sur place, mais ils tenaient. Nicolas tenait, comme les autres, comme il tint toujours, sans bruit, sans épates, sans étonnement, avec le même calme, la même placidité, la même tranquille ténacité, la même indifférence de la mort, qui, pendant 52 mois, le frôla, l'enveloppa, sans que jamais aucune blessure ne l'atteignit. Il était sublime, sans s'en douter. Mais son bataillon, à bout de souffle, dut être relevé. Il vint cantonner à la Faloise, où je le revis. Son cantonnement était exactement au dessous de la mairie, où nous amputions à tour de bras. Lorsque le travail se ralentissait, en fin d'après midi ; lorsque les voitures d'ambulance américaines, qui assuraient l'évacuation des blessés étaient parties, vers Beauvais, avec leur chargement au complet et qu'aucun convoi venant du front n'était attendu, je sortais dans la rue, au devant de Nicolas. Toujours le même ! Aussi peu dépaysé qu'au milieu de ses champs, il profitait de son séjour au cantonnement pour renouer les relations familiales, que les hasards de la guerre avaient interrompues. Et tout en devisant, nous contournions le parc du château, dans lequel le général Mangin, notre chef avait établi son quartier général. Ceci se passait généralement après la soupe de 5 heures du soir, que les troupes, au cantonnement, touchaient à l'heure à peu près exacte, sauf quand les obus tombaient autour de la roulante. Pour nous, l'heure du repas du soir était subordonnée au travail qui restait à accomplir. Les blessés passaient d'abord ; les infirmiers après. Il y avait donc un certain décalage, que Nicolas utilisait, suivant les circonstances. Pendant les six semaines que nous restâmes dans ce secteur, je le revis à plusieurs reprises. Toujours admirable de calme, il montait en ligne, en me disant : - « Au revoir. » Puis, il reparaissait, à intervalles irréguliers, au hasard des relèves, toujours avec son même calme et sans plus se soucier de quoi demain sera fait, il me tenait au courant des faits familiaux qui, seuls, l'intéressaient. De la guerre ? Du danger couru ou à venir ? Il n'en était jamais question. A quoi bon parler de ces choses, entre gens qui sont perpétuellement menacés ? C'est, le plus souvent, au moment où l'on se croit le plus en sécurité que, brutalement, la mort vous fauche. Point ne faut donc s'en tracasser. Nicolas ne pensait qu'aux choses de son pays. Sa mère, veuve à ce moment là ; sa sur, toujours malade ; ses terres, qui languissaient ; son frère cadet, Raoul, qui était quelque part dans les Vosges. Le fracas des canons, l'infernal bruit du sinistre combat, la vue des blessés et des morts, tout cela était oublié, puisque nous étions là, les deux cousins germains, en train de parler des nôtres. Ce sont soldats de cette trempe qui vainquirent l'Allemagne. Nicolas pourrait s'enorgueillir d'y avoir largement contribué, dans sa modeste sphère, si Nicolas était capable d'orgueil, ou même de suffisance. Mais sa simplicité ne comprendrait pas ! Lui parler de son devoir ? Il l'a accompli sans jamais le raisonner. Pour lui le devoir, c'était l'ordre reçu et scrupuleusement exécuté, parce qu'il ne pouvait et qu'il ne devait pas en être autrement. Les grands mots, les phrases pompeuses, n'avaient aucune prise sur de tels hommes. Reculer, quand l'ordre était donné de tenir, eut été une lâcheté, qui n'effleurait même pas l'esprit de ces simples. Aussi, cloués au sol devant Villers Bretonneux, les Allemands n'entrèrent jamais à Amiens, en 1918, pas plus qu'il ne rompirent le front franco anglais. Nous fûmes relevés les uns et les autres et tout le 9ème Corps parti s'égrener entre l'Argonne et les Hauts de Meuse. Je ne revis plus Nicolas de toute la guerre. Sa tâche terminée, il fut envoyé au Blanc pour y être démobilisé. Le hasard voulut que moi-même, qui venais d'être démobilisé à Châteauroux, eus à passer par Le Blanc pour rentrer dans ma famille. Qu'est-ce que je vis sur le quai ? Mon Nicolas, flanqué de sa musette, qui se disposait à prendre le même train que moi. Nous fîmes route ensemble jusqu'à Chaumussay. Nicolas reprit les mancherons de la charrue, alors que moi-même cherchais à me caser. Mon cousin reprit sa place au foyer, entre sa mère âgée et sa sur malade. Vers l'age de 45 ans, il se maria. » Raoul aime la patée. Comment expliquer le phénomène de la mémoire ancienne. Pourquoi Alphonse avait-il subitement pensé à Raoul ? Pourquoi à lui à cet instant précis ? Pourquoi pas à Lucien ou Raymond ? Et comment se fait-il que les anecdotes qu'il écrivit sur son cahier étaient-elles celles qui vont être relatées ? L'histoire est-elle ainsi faite que seules certaines personnes et certains événements sont mémorisés ? « Raoul était éveillé, très intelligent, portant une énorme tête ronde, les yeux aussi bleus que ses frères et sur les avaient noirs, Raoul ne ressemblait à aucun des autres. Son enfance fut plutôt mouvementée. Il était espiègle et eut cette chance d'être le chou-chou d'Alphonsine dont il partageait, le plus souvent la table. Car sa mère ne changeait pas. Toujours aussi bavarde et nonchalante, elle n'avait jamais de cuisine de prête à l'heure voulue. Tellement, qu'un jour, mon Raoul rentrant de classe et trouvant porte close, se mit en devoir de chercher pitance. Une voisine avait une chèvre. Or, ce jour-là, la bonne femme venait justement de lui porter une pâtée toute chaude, quand mon Raoul, affamé, furetant en ces lieux, se jeta sur la pâtée et l'engloutit sans que la chèvre protestât. Raoul fut toujours un excellent garçon, riche de cur et plein d'attentions et de prévenance à l'égard des membres de sa famille. Mais quel diable, il fut dans sa jeunesse ! Ne trouva t-il rien de mieux, un jour, que de grimper sur un rouleau, traîné par un cheval. Ayant glissé, son pied passa sous le rouleau et il eut la cheville fracassée. Il conserva une légère déformation du pied et une légère claudication, qui le firent réformé au conseil de révision. Vers l'age de 14 ans (1899), il entra, comme petit domestique chez un voisin de ses parents, (très riche proprio). C'était au début du règne de l'automobile. Raoul, adroit, débrouillard, s'initia vite au maniement de la voiture, de telle sorte qu'il obtint son permis de conduire, dès qu'il eut atteint l'age autorisé (1905). Quittant Barrou, il partit pour Paris, comme chauffeur dans une maison particulière. Là, il fit son chemin, puisque, quelques années plus tard, il véhiculait ses patrons à travers l'Europe visitant la Suisse, la Belgique, la Hollande, l'Allemagne, l'Autriche, l'Italie, l'Espagne. Revenu à Paris, il s'engagea, lors de la guerre 1914-18, et fila au front, dans les formations automobiles. Rentré, une fois la guerre terminée, il épousa sa femme Marguerite, une pyrénéenne de Lourdes. » La commune « Jérémie naquit en 1850. Son enfance s'écoula sans heurts. Il fréquenta l'école communale et se fit rapidement remarquer par son exceptionnelle intelligence. Il faisait, en classe, des progrès tellement rapides, que sa santé en fut ébranlée. Le docteur Leveillé, alors médecin au Grand Pressigny, fut consulté. Le praticien invita les parents à n'envoyer l'enfant en classe qu'un mois sur deux. Ce qui n'empêcha pas le jeune Jérémie d'être le plus brillant élève de l'école. Lorsque l'instituteur jugea n'avoir plus rien à lui apprendre, l'adolescent quitta l'école et se disposa à travailler. Il opta pour le métier de son père. Mais, ma grand-mère, femme de tête et de bon sens, ne voulu point que son fils effectua son apprentissage à Barrou. Un garçon, disait-elle, ne doit point rester dans les jupons de sa mère. Aussi, le mit-elle en apprentissage à Châtellerault, où elle le voyait, chaque jeudi, en allant faire ses achats. Comme elle blanchissait son fils, elle portait et rapportait son linge. Son apprentissage terminé, Jérémie resta à Châtellerault, comme ouvrier boulanger, jusqu'à son départ pour l'armée. C'était un garçon rangé, sérieux, studieux, économe. Sa mère, en femme toujours pratique et prévoyante, conservait ses économies et les plaçait à l'occasion. À tel point qu'à sa majorité, Jérémie se trouvait être le propriétaire d'un terrain situé en bordure de la route de Chaumussay, à la montée de la Jarrie. La terre était pauvre, pierreuse, mais sa maman avait son idée. Elle y fit planter de la vigne qui, sur cette pente, exposée en plein midi, fut d'un excellent rendement. De telle sorte qu'après avoir fait son apprentissage de boulanger, Jérémie avait encore à faire celui de vigneron et de propriétaire terrien. Car, envisageant l'avenir des siens, sa mère voyait loin, très loin même, beaucoup plus loin que le présent et l'immédiat. Quelle femme admirable était-elle! Quelle lucidité, quel cerveau, quel sens des réalités, quelle compréhension de la vie elle possédait ! Survint la guerre de 1870. Jérémie avait alors 20 ans et il était de la première classe à partir. Appelé jeune soldat à l'automne de cette funeste année, alors que les désastres accumulés de l'armée française, (capitulation de Metz et de Sedan), avaient amené les Prussiens à mettre le siège devant Paris, le conscrit Jérémie, incorporé dans l'infanterie, fut envoyé rejoindre son régiment à Dignes, dans les Alpes. Six mois après, il était caporal fourrier et, lors de sa première permission, au bout de neuf mois de service, il reçut, sa nomination au grade de sergent-major. La guerre était finie ; l'armistice signé. Il rejoignit son corps au terme de sa permission. Petit Rappel Historique : Naissance troublée de la IIIème République - Défaite de Sedan 2 septembre 1870 - Déchéance de l'empereur 4 septembre 1870 - Bazaine capitule à Metz 27 octobre 1870 - Début de la Commune 18 mars 1871 - Traité de paix de Francfort 10 mai 1871 - Fin sanglante de la commune 28 mai 1871 - Naissance du septennat 20 novembre 1873 - Amendement Wallon 30 janvier 1875 Mais son séjour, dans les Alpes, fut achevé, car la Commune ensanglantait Paris et son régiment y fut appelé. Cette autre guerre fratricide lui fut horriblement pénible. Se battre contre des Prussiens lui paraissait naturel, puisqu'en somme c'était assurer la défense de notre pays. Mais être obligé de commander le feu sur des Français le bouleversait. Cependant, les soldats étaient constamment menacés par les bandes révolutionnaires, qui ne leur accordaient aucun quartier. C'est ainsi qu'un soir, où son unité était cantonnée dans les vastes dépendances d'un château de la banlieue parisienne, le sergent-major Jérémie, enroulé dans sa couverture, allait s'endormir, quand un bruit suspect le fit se dresser sur sa couche. Aux parois de la muraille étaient suspendus de très grands tableaux, sans doute apporté là pour les mettre en lieu sûr. L'un de ceux-ci, qui surplombait les soldats couchés au pied du mur, paraissait bouger. Mon oncle n'eut que le temps d'alerter les dormeurs. À peine ceux-ci étaient-ils éloignés, que le lourd tableau s'écrasait à terre avec fracas. La corde qui le retenait avait été, par une baie, intentionnellement sectionnée. Le coup était manqué, mais l'alerte subsistait. Et malheureusement, elle subsista jusqu'à la fin de ces hostilités absurdes, qui dressaient, les uns contre les autres, les pères et les fils, les mêmes membres des mêmes familles, les Français de deux camps opposés et irréconciliables. Tristesse et horreur de conceptions politiques, qui se refusent de tenir compte des réalités de la vie, de la beauté et de la noblesse des sentiments humains pour ne poursuivre que leurs buts de haine et de basse vengeance. Tout à une fin, cependant, bonne ou mauvaise. La Commune fut réduite et le régiment d'infanterie dans lequel était incorporé Jérémie fut affecté au camp retranché de Paris. C'est en la capitale, que Jérémie termina son congé. Il repartit dans ses foyers, porteur de l'épaulette de sous lieutenant de réserve. Rendu à la vie civile, il continua à suivre régulièrement les cours d'instructions militaires et les grandes manuvres ce qui lui permit de conquérir successivement ses galons de lieutenant et de capitaine. Il fallait le voir à cheval, à la tête de sa compagnie, galonné jusqu'au coude, suivant l'uniforme de cette époque, qui ne ménageait ni le galon, ni le panache. Son képi crânement posé sur sa grosse tête ronde, raidi dans sa vareuse bien prise, un peu court, pour être un élégant cavalier, le capitaine était fier. Parti au régiment avec, pour tout bagage, une instruction incomplète, il avait, à la seule force du poignet et, en poursuivant à la diable et par ses propres moyens, cette instruction insuffisante, il avait, dis-je, successivement gravi tous les échelons qui, du simple soldat, s'élèvent jusqu'au commandant de compagnie. Lorsque, libéré, il revint à Barrou, il trouva son père en fort mauvais état de santé ! Aussi, Jérémie, se mit-il bravement à la tête de la boulangerie. » (à suivre) |
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